18/09/2010

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FAMILLE DOVALLE
un drâme familial
montreuillais et ponot
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Beaucoup connaissent " la Maison Dovalle " à Montreuil-Bellay, ce magnifique hôtel particulier du XVIème, entouré d'un joli jardin, bordé d'un rampart de l'ancienne ville.
La ville de Montreuil peut s'enorgueillir de posséder dans ses personnages illustres le nom de CHARLES DOVALLE, poète romantique prometteur tué en duel ( on peut même dire assassiné) à l'âge de 22 ans. Ce drâme secoua la capitale ainsi que les Montreuillais dont Charles Louvet ami de la famille Dovalle. L'émotion fut sûrement partagée au Puy-Notre-Dame où le père de Charles, alors percepteur, possédait une maison à Sanziers.


Ce drame familial eut des conséquences désastreuses .
Voici en 3 dates son déroulement :

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30 novembre 1829
CHARLES DOVALLE


Descendant d'une longue lignée d'hommes de loi et d'officiers de finances du Saumurois, Charles Dovalle naît à Montreuil-Bellay le 23 juin 1807. Il fait de brillantes études au collège de Saumur, où il écrit des poèmes remarqués. Après des études de droit à Poitiers, il part pour Paris où il se lance avec ardeur dans la vie littéraire. Il publie des poésies en forme de chansons, qui figurent toujours dans les manuels de morceaux choisis, comme Bergeronnette, Mon Rêve, le Curé de Meudon.


Egalement critique théâtral, il commet un calembour facile sur Mirra, le directeur du théâtre des Variétés : « on ne dira jamais que c'est un Mira-beau ». Ce dernier, qui était laid et vindicatif, le provoque en duel. Il est touché à l'épaule à la suite d'un premier assaut à l'épée. Furieux et contre toutes les règles, il exige que le duel se poursuive au pistolet ; au troisième échange, le pauvre Dovalle est touché, après que la balle ait traversé son portefeuille, et il meurt le 30 novembre 1829, à 22 ans. Aussitôt, ses amis, le saumurois Charles Louvet et Victor Hugo rendent hommage à son talent prometteur et publient quelques unes de ses oeuvres.




01 janvier 1835
CHARLES-LOUIS DOVALLE

La famille Dovalle tenait un rang honorable à Montreuil-Bellay et le père de Charles, Charles-Louis Dovalle jouissait d'une bonne réputation. Lui-même s'était distingué dans les armées de la République ( la campagne d'Egypte avec Bonaparte) et de l'Empire (avec Kléber). Il s'en revint ensuite à Montreuil et se fit nommer percepteur au Puy-Notre-Dame. La famille Dovalle acquérra en ces années une propriété à Sanziers (les Tonnelles -aujourd'hui Clos St Jouin). L'annonce de la mort de son fils ainé Charles l' accablera de douleur et le hantera devant tant d'injustice . C'est ainsi qu'il mettra fin à ses jours le 1er janvier 1835, six ans après la mort de son fils, dans les environs de Chinon à Couziers, après avoir pris soin de mettre en ordre ses affaires personnelles et attendu l'époque où son plus jeune fils Firmin fut en âge de le remplacer dans sa perception du Puy.

Déclaration - Couziers - 37 - 01 janvier 1835



01 juillet 1835
FIRMIN DOVALLE

Après cet évènement malheureux, Firmin Dovalle, le plus jeune fils, fut muté professionnellement contre son gré à Gennes-s/Loire, alors que ce dernier restait de plus en plus attaché à la région. Ne pouvant se résigner à se séparer des siens et de son pays natal, poursuivi par le souvenir des morts de ses frère et père, et semble-t-il aussi par une histoire sentimentale, Firmin, anéanti, mit lui aussi fin à ses jours le 1er juillet à Sanziers-le Puy-Notre-Dame, six mois jour pour jour après le décès de son père.
Pour l'histoire, le malheur n'épargna pas ses 2 soeurs. L'une, Clara, mariée à un médecin, perdit successivement tous ses enfants. L'autre, mariée à un avocat d'Angers, devint veuve après 11 mois et eut la douleur de perdre aussi un fils né de cette union. Remariée, la pauvre perdra son mari dans un accident de circulation.



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DOCUMENTS CONCERNANT FIRMIN
MAIRIE DU PUY-NOTRE-DAME
REGISTRE DE JUILLET 1835

Procès verbal du suicide
du Sieur Firmin Dovalle
domicilié au Puy-Notre-Dame
dans la nuitée du premier au deux courant
et de l’enlèvement du cadavre



COMPTE-RENDU DU 2 JUILLET 1835


- Aujourd’hui deux juillet mil huit cent trente cinq sur les neuf heures du matin.
- Nous soussigné Maire de la commune du Puy-Notre-Dame Arrondissement de Saumur département de Maine et Loire avons été informé que M. Firmin Dovalle propriétaire demeurant dans la dite ville et commune du Puy-Notre-Dame s’était suicidé dans sa maison pendant la nuit passée de ce jour. Aussitôt nous nous sommes rendus au dit lieu accompagnés de M. Foucher notre greffier, M. Cerceau receveur buraliste et M. Rabouin officier de santé, aussi demeurant au Puy-Notre-Dame, que nous avons visité de venir constater suivant les dispositions du Code d’instructions criminelles l’état de l’individu mort, la nature et la cause de sa mort, où y étant arrivé nous y avons trouvé les nommés Bauchereau Jean et le Roi Louis tous deux journaliers et domiciliés au Puy-Notre-Dame lesquels étaient au service de M. Firmin Dovalle depuis plusieurs jours pour lui charger et lui conduire son mobilier à Gennes arrondissement de Saumur d’où il venait d’être commissionné percepteur de cette dite commune.
- Il nous déposent que sur les sept heures du matin étant surpris et ennuyés de ne point le voir arriver pour mettre ordre à ses affaires, devant partir dans la matinée. Dont il avait déjà une voiture en route se sont mis à chercher où ils ont aperçu dans la cour de sa maison en haut de l’escalier d’une de ses caves un de ses bas et un peu plus bas sur ce ses souliers , ce qui leur a donné l’indice de croire qu’il pouvait être dans la dite cave et s’y étant rendus ils l’ont trouvé étendu sur le dos et sans vie.
- Nous ayant conduit dans la dite cave nous y avons trouvé dans le fond le cadavre du sieur Firmin Dovalle étendu tel qu’il nous lavaient déposé la tête touchant le mur du fond de la dite cave, étendu de sa longueur, baignant dans son sang et son fusil double sur lui ayant la crosse entre les jambes et le bout des canons près et à quatre pouces de la bouche, lieu où nous avons remarqué qu’il avait reçu le coup ayant encore la bourre entre les dents.



- Il était vêtu pour tout habillement d’un mauvais pantalon blanc retroussé jusqu’au genou de la jambe droite qui était sans bas et le pied sans soulier. La jambe gauche était chaussée d’un des bas de la paire du même dont il était déchaussé du côté droit et du même soulier dont il était déchaussé du pied droit, d’une chemise de percale d déchirée au col du côté droit et ensanglanté à la manche gauche et autour du col. Il avait eu la précaution de se coiffer d’une vielle casquette de peau de loutre de défunt son père qui s’était aussi suicidé six mois d’avant jour pour jour.
Nous avons trouvé à côté de lui à sa gauche, distance d’environ deux pieds du cadavre son portefeuille rempli de papiers que nous avons visités, Ne concernaient que ses affaires particulières plus un livret rempli d’estampe où il était ouvert en face de lui ou sur le feuillet avait été gravé par lui un Mosolé et les mots « ayez pitié de ma souvenance ».
- De l’autre côté à droite à la même distance y était sur chandelier sans chandelle, ayant été brûlé jusqu’à la fin après son décès - plus son bas et son soulier qui y avaient été descendu par les sieurs Bauchereau et le Roi qu’il s’était déchaussé du pied et de la jambe droite, sans doute pour avoir plus de facilité à faire partir la gâchette de son fusil avec lequel il s’est probablement donné la mort.
- Nous n’avons trouvé aucun écrit indiquant la cause de sa mort, seulement nous avons trouvé aucun écrit indiquant la cause de sa mort, seulement nous avons trouvé deux clefs sur sa cheminée et avait tracé les mots sur le tuffeau de la tablette « voilà les clefs de ma maison de Gennes », ayant bien reconnu que c’était écrit de sa main, nous a fait connaître ces dispositions.


Déjà à l’époque du suicide de défunt son père avait voulu commettre la même action, mais avait été empêché par son camarade M. Charles Huard, propriétaire au Puy-Notre-Dame.
Et après avoir examiné tous les faits et leurs circonstances avons reconnu que le sieur Firmin Dovalle s’est donné la mort lui-même, ou aussitôt nous étant retirés, avons ordonné l’enlèvement du cadavre et son inhumation dans le délai prévu par la loi où M. Rabouin a joint son rapport au présent procès verbal pour être adressé sans délai à M. le Procureur du Roi près le tribunal de Saumur.
Fait et clos au Puy-Notre-Dame les jours mois item que dessus c’est-à-dire 2 juillet 1835.
Signé Cerceau Bauchereau et le Roi témoins.

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Portrait de Charles Dovalle
par R.N Raimbault-d'Hauterive


POÉSIES de CHARLES DOVALLE
(cliquez sur image)

BULLETIN du VIEUX MONTMARTRE
1909
cliquer sur la couverture

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3 commentaires:

  1. Anonyme15:06

    Magnifique sujet que je ne croyais que montreuillais. vous l'abordez coté puy et cela est nouveau alors qu'à l'époque de ces évènements on ne se posait pas trop la question.
    Ne serait-ce pas interessant une réflexion à ce sujt au niveau du Puy Montreuil.

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  2. Anonyme15:54

    le Puy et Sanziers ont une place importante dans cette malheureuse histoire et je l'ignorais. J'en suis surpris et les pièces à conviction présentées le démontrent. bon travail , il se doit, pour la personne qui nous informe de la sorte . site très intéressant.

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  3. Anonyme18:54

    Des faits totalement ignorés de la population du Puy ou alors connus de familles anciennes .Beau travail d'infos .

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