01/12/2009

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LE PUY NOTRE DAME
PROSPER MERIMEE et CHARLES JOLY-LETERME


Nous sommes au XIXème, et l'on commence à prendre conscience de l'idée de patrimoine... Pour cela, il fallut des hommes et bien sûr une volonté politique. En ce qui concerne les hommes, nous vous en présenterons 2, l'un au destin national, l'autre concrétisant la volonté du premier.

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PROSPER MERIMEE

Prosper Mérimée est né le 23 septembre 1803 dans une famille d'artistes bourgeois installée près du Panthéon à Paris. Non baptisé, il restera fidèle, sa vie durant, aux convictions athées de ses parents. Son père, professeur de dessin à l'École polytechnique, sera secrétaire perpétuel de l'École des Beaux-Arts. Sa mère, portraitiste, enseigne, le dessin.
Le couple a un solide bagage intellectuel et artistique datant du XVIIIe siècle, mais ne s'engage guère dans les courants culturels naissants. De l'éducation parentale, Mérimée retiendra, sur les plans esthétique et affectif, l'horreur de l'emphase. C'est de sa mère qu'il tient la devise "Souviens-toi de te défier".
Jusqu’à son entrée dans
la fonction publique en 1831, Mérimée n'exerce aucun métier hormis celui d'écrivain.
Prosper Mérimée était un mondain. Il commence à fréquenter l'élite parisienne dès les années 1820. Il n'a pas de nom, ni de fortune, mais dispose de nombreuses relations, par son père et ses camarades de lycée. Spirituel, détaché, de très bonne compagnie, il est recherché.
Sa vie entière sera marquée par la curiosité, marquée par le culot et l’engagement. On connaît beaucoup plus Mérimée écrivain. Mais c’est à l’homme cultivée et diplomate en toute circonstance que l'Etat proposera des missions dont celle de restaurer notre patrimoine architectural mis à l’épreuve et délabré par les révolutions successives, le vandalisme, le temps ainsi que l’indifférence.

Mérimée effectuera de nombreuses tournées en provinces pour recenser les édifices préoccupants. Les conflits sont nombreux et souvent très vifs avec les propriétaires. Mérimée est partout, il rencontre les préfets, les membres des sociétés savantes, les maires, les curés pour plaider la cause des "vieux monuments" et tenter d'obtenir des subsides. De par sa ténacité, ses talents de négociateur et sa persévérence, on réussira à sauver un nombre impressionnant d’édifices.
Prosper Mérimée effectuera deux tournées dans l'ouest de la France en 1835 et 1838 parcourant notamment la Bretagne, l'Anjou et le Poitou. Pour effectuer sa mission de restaurateur, il saura s'entourer d'hommes et architectes, tels Viollet-Leduc, le plus connu, ainsi que d 'architectes locaux confirmés tel que Charles Joly-Leterme dans notre région.
À cette époque, Mérimée correspondit avec nombre d'«antiquaires» ou érudits locaux, telle la Société des antiquaires de l'Ouest. On put ainsi retrouver ses impressions commentant sa rencontre avec Joly-Leterme, ainsi que leurs impressions sur les monuments à restaurer . Il y est question de la collégiale du Puy-Notre-Dame.
 



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CHARLES JOLY-LETERME

 
Charles Joly-Leterme est né le 9 juin 1805 à Baugé. Il fit de brillantes études au collège de Saumur et prépara les examens d’entrée à l’École Polytechnique. La ruine de sa famille lui fit abandonner cette voie. Il étudia alors l’architecture, suivit l’École des Beaux-Arts et fréquenta les premiers ateliers du temps. Entré ensuite dans l’administration des Ponts et Chaussées il s’occupa de la construction du pont Napoléon à Saumur et fut bientôt chargé de la restauration de l’église de Cunault.
En 1840, il fut nommé inspecteur correspondant du Comité des Monuments Historiques et pendant 35 ans il consacra son activité à la restauration des principaux monuments du Poitou, de la Touraine et de l’Anjou : dans le Poitou , les églises de Saint-Savin, Chauvigny, Civray, Charroux, Lusignan ; à Poitiers, le Temple St Jean, Ste Radegonde, Notre Dame la Grande, Saint Hilaire le Grand (reconstruite presque entièrement sur ses plans), la Tour de Saint-Porchaire (dont la démolition était déjà adjugée) ; en Touraine, l‘église de Candes, le château de Chinon ; en Anjou, les églises de Cunault et du Puy-Notre-Dame, de Gennes ; à Saumur, l’église Notre-Dame de Nantilly.
On le nomma, en 1841, architecte de la ville de Saumur où il construisit de nombreux édifices.
Dès 1848, il fut proposé comme architectes des édifices diocésains pour le diocèse d’Angers et on lui doit la reconstruction de l’évêché d’Angers et la restauration des bâtiments du Grand Séminaire.
Toute sa vie fut consacrée à ses études, à ses amis, à ses ouvriers. Il fit preuve d’un grand dévouement pendant les inondations de 1843, 1856 et 1866.
Il est mort à Saumur, dans sa maison de la rue de la Petite-Douve, le 9 janvier 1885.
Extrait de «Une belle figure saumuroise : M. Joly-Leterme» de M.P.A. Savette (1886)


Ainsi parle Mérimée de Joly-Leterme :
" Un homme très zélé et très instruit "



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LA COLLEGIALE
L'état de la collégiale est très préoccupant. La ténacité et l'action de Joly-Leterme auront raison des premières impressions de Mérimée.
 
Pour que l'église soit restaurée, il fallut classer l'édifice . Proper Mérimée acceptera son classement en 1846. mais le débat restera ensuite houleux car le coût de la restauration s'avère astronomique. Les travaux s'étaleront dans le temps grâce à la contribution de tous mais surtout grâce à la force de conviction de l'architecte saumurois.
 



Voici quelques courriers de 1850 - 1854 relatant les difficultés d'alors :
courrier du 19 avril 1850


 

" C'est une église condamnée à mort ..."

 

" la situation de cet édifice est déplorable. Les ravages du temps, le vandalisme des hommes se font voir dans toutes les parties..."



" l'église est assez intéressante pour mériter une étude complète..."

courrier du 29 avril 1854
"Nous n'avons plus le sou..."



courrier du 03 juin 1854
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" Nous n'avons pas un rouge liard..."

demande de recours au Diocèse
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SUGGESTION
 
Des hommes tels Charles Joly-Leterme et Charles Louvet mériteraient une rue dans notre village. Il en est aux noms informels telle que la " rue des Ecoles " et autres. La nouvelle équipe municipale devrait être sensible à cette idée et décider de le faire, sinon en dernier recours consulter l'Association de Sauvegarde du Patrimoine, spécialiste nominal, du bien-fondé de cette idée.


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Video montrant
 les principales restaurations de Charles Joly-Leterme

 
 
 
 

2 commentaires:

  1. Anonyme09:43

    très intéressant

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  2. un Saumurois09:04

    magnifique évocation de quelque chose qui restait trouble dans ma tête et qui m'a permis d'en savoir plus sur Mérimée, Viollet le Duc et Joly-Leterme grâce à internet. merci d'avoir mis dans les liens ce très beau site sur Saumur. Votre blog est très intéressant.

    Un Saumurois

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